Ombre&Lumière

Tuesday, August 29, 2006

Parlons musique ...

Les Quatres saisons de Vivaldi

Pourquoi enregistrer et encore jouer en public cette oeuvre qui peut sembler usée jusqu'à la corde ?
"Un désir demeure encore désir", et à bien y regarder les Saisons de Vivaldi sont vibrantes de sensualité, de séduction, d'hédonisme, une manière d'histoire d'amour illustrée avec ses frôlements, ses vertiges et ses glissements vers le plaisir de la virtuosité.
Musique de couleur, d'illustration avant tout, et Vivaldi a tenu à faire imprimer les sonnets au début des partitions, montrant que les notes ne venaient, comme dans une musique de film, qu'en contrepoint sonore d'images, d'impressions visuelles.
Musique de libertin plutôt que de prêtre, les Saisons sont à écouter comme un livre d'Heures, comme un tressaillement de sensations, une aquarelle des passions.
La première édition de l'opus 8, célèbre recueil de concertos regroupés dans le titre de "Cimento dell'Armonia e dell'Inventione" (Le combat entre l'harmonie et l'invention), paru à Amsterdam à la fin de 1725. Les "concerti delle Stagioni" ouvraient glorieusement ce traité. Des versions préalables circulaient dès 1720, mais l'esprit de ces "concertos à programme" reste inchangé entièrement basé sur l'imitation esthétique de la nature, enfin celle civilisée avec ses chants d'oiseaux, ses tonnerres rustiques, ses bergers, ses chasses, ses étangs gelés et ses certitudes de bonheur en attente.
La recherche de Vivaldi ne porte pas sur la forme qui alterne mécaniquement concertos solos et concertos grosso, et il ne tente pas, comme un compositeur romantique, de plier la structure à la description.
Conformément au dogme baroque, le programme se contente d'épouser les coupes traditionnelles sans les bousculer. Il s'agit seulement de peindre, de se perdre dans les délices de l'initiation.
Musique essentiellement descriptive, elle ne veut pas enfermer la nature dans ses pulsions, mais simplement la dépeindre par quelques traits caractéristiques.
Pas de domination, mais une aquarelle de soumission !
Ainsi Vivaldi maintient solidement les schémas des concertos avec ses alternances réglementées de tutti et de solos. Et pourtant l'image apparaît au fond du bain. Comment Vivaldi s'y prend-t-il?
L'ensemble du petit orchestre aura le rôle descriptif majeur et sera la toile de fond de la saison à imiter. Les ritournelles qui traversent l'ensemble devront faire apparaître les motifs principaux du tableau atmosphère dominante, caractéristiques propres à chaque saison, couleur globale de chaque poème que l'on se doit d'illustrer

  • Le printemps avec sa grâce insouciante, ses bergers et ses nuages.
  • L'été avec son alanguissement mais aussi ses orages qui chassent et moutons et bergers.
  • L'automne avec sa nostalgie rustique, ses danses de paysans, ses chasses et aussi cette douceur, cette dernière douceur du soleil.
  • L'hiver, ses tempêtes, et le froid qui hâte le pas des hommes et la lutte des vents.


Il faut noter que même les "accidents" de la nature, l'orage, le vent, le craquement de la glace, c'est-à-dire des moments forts, restent dévolus à l'ensemble qui doit prendre et embrasser la totalité du poème. Les parties solos ont un rôle très spécifique pour Vivaldi. Elles doivent donner la touche de détail descriptif, et par le recours constant à la virtuosité violonistique, tracer de multiples détails habillant le tableau.
Ces concertos "représentatifs" trouvent alors leur touche finale par ces détails du pinceau (chant d'oiseaux, vents murmurants, glissements sur la glace, torpeur de l'été). Cette fonction d'apport de petites touches permet de créer l'illusion d'une certaine réalité par l'ajout du pittoresque et du "zoom" sur un microcosme de la saison entière.
Écrits d'abord ou après, par Vivaldi lui-même ou quelqu'un d'autre ? Peu importe, ils sont placés de façon totalement démonstrative et ils se coulent totalement dans la forme sempiternelle Allegro-Adagio-Allegro. Ils permettent tel un fil rouge de bien lire les intentions de l'auteur et de s'émerveiller de son art d'imitation.


Le printemps est ainsi construit :

  • Premier mouvement en Mi majeur correspondant aux deux quatrains du sonnet mêlant l'arrivée du printemps, les chants joyeux des oiseaux, les zéphyrs murmurants, les nuages noirs qui ne font que passer.
  • Deuxième mouvement (Largo en Do dièse mineur) illustrant le premier tercet avec un violon solo décrivant le troupeau et l'alto l'aboiement lointain du chien.
  • Troisième mouvement (Danza pastorale, Allegro) concluant l'ivresse du printemps.

L'été reprend le même schéma :
  • Premier mouvement (Allegro non molto). Alangui par la chaleur, bercé par les vents ce mouvement illustre les deux quatrains montrant l'engourdissement des hommes et de la nature devant la brûlure du soleil. Mais il ne faut pas voir se réveiller le Dieu Pan comme dans la troisième de Mahler.
    Ici on reste dans une nature unidimensionnelle, un chromo que des traits solistes peuplent de coucous, de colombes et l'arrivée du vent de l'orage qui fait pleurer le berger.
  • Le deuxième mouvement (Adagio-Presto). Eclairs et tonnerres passent dans le lointain. C'est un adagio illustrant le tercet décrivant l'attente anxieuse de la tempête avec ses éclairs et ses roulements de tonnerre qui s'approchent. Les solos figurent les "sons et lumières".
  • Le troisième mouvement interrompt brutalement l'adagio et dans un mouvement "Tempo impetuoso d'estate" fait éclater impétueusement la tempête avec ses traits fulgurants.

L'automne commence par un allegro qui en fait "un ballo e canto dei villanelli-L'ubriaco".

  • Le premier mouvement est donc une danse paysanne en Fa majeur, toute en joie bucolique et pastorale devant des mois-sons. Le violon solo évoque les cabrioles de Bacchus avec de grands sauts d'octaves et des traits rapides dramatiques évoquant la bacchanale.
  • Le deuxième mouvement (Adagio-Dormienti ubriachi) décrit par contre le second quatrain, et transforme les chants d'ébriété en une douce quiétude.
  • Le dernier mouvement (la chasse) intervient brutalement au travers d'une danse populaire pesante, et les solistes décrivent les émois et la bête traquée et tuée.

L'hiver revient dans un climat de mélancolie.
  • Le premier mouvement (Allegro non molto : agghiaeizto tremar Urridovento- Batter i piedi) est en fa mineur et contraste brutalement avec l'automne bourdonnant. Un climat s'installe, non pas triste, (il ne doit pas y avoir de pro-fondeur de sentiment dans ce monde en papier peint), mais simplement engourdi. Le froid, la glace qui craque, la neige, les pas fuyants la tempête sont suggérés.
  • Le deuxième mouvement (Largo la gioia del focalare-Fuoripione) sert d'abri et donc illustre le deuxième quatrain, donnant la chaleur du chez soi face à la pluie battante qui passe dans les pizzicatis des violons.
  • Le troisième mouvement (Allegro) illustre les deux tercets et reprend, pour la première fois, dans l'oeuvre le climat et les descriptions du premier mouvement avec ses vents déchaînés et ses patinages sur la glace. L'oeuvre et le concerto se terminent en fanfare sur la dernière strophe du sonnet.

"Tel est l'hiver, mais pour cela, il nous apporte aussi de la joie"

Ainsi se referment les toiles peintes des Saisons, ainsi se referme le rideau de théâtre.


Dur le retour au bureau :(

Y'a (pas) que le boulot



http://www.globecartoon.com/dessin/

Tuesday, August 22, 2006

Aux grands mots, les grands moyens...


Lutte contre le terrorisme Lutte contre le sida

Le
XVIe Congrès international sur le sida s'est achevé sur une déclaration où "espoir et impatience marquent la conclusion" de cette rencontre, qui s'est tenue à Toronto du 13 au 18 août 2006. Même si des progrès ont été observés, l'argent public manque pour soigner l'ensemble des quelque 39 millions de malades dans le monde, l'argent public manque pour l'ensemble des programmes de prévention, l'argent public manque pour la recherche... Pendant ce temps, la lutte contre le terrorisme bat son plein, sans aucune limite de moyens...

Dessin de Tab
Caglecartoons.com

Sur une autre planète...


Puisque nous sommes en train de réorganiser le système solaire... Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Pluton, Moyen-Orient

L'Union astronomique internationale vient de proposer une petite révolution : faire passer le nombre des planètes du système solaire de 9 à 12 corps, en conséquence d'une nouvelle définition de la notion de planète. Pendant ce temps, le Moyen-Orient donne toujours autant l'impression d'être un autre monde.

Dessin de Aislin
paru dans The Gazette

Thursday, August 03, 2006

La chute !!!

C'est l'histoire d'une société qui va vers sa chute... Tout au long de sa chute elle se répète : "Jusque là tout va bien." Mais le plus important c'est pas la chute, c'est l'atterrissage.
[Matthieu Kasovticz]

Rien voir, rien dire , rien entendre
Serons-nous un jour réduit à cela?